Anne-Michèle, 55 ans, est Industrial Contract Manager chez Actemium et responsable de l’implémentation de la politique environnementale dans son département. Ses tâches commerciales englobent les contacts clients, la collaboration avec le bureau d’études et les chefs de projet, la rédaction d’offres et les négociations contractuelles pour des clients actifs dans les secteurs pharmaceutique et de la chimie fine. Elle travaille aussi à l’amélioration des performances environnementales, en développant des solutions destinées à réduire les émissions de CO₂ et en analysant les données environnementales d’Actemium.
Anne-Michèle : J’ai fait des études d’ingénieur chimiste à l’ULB et, dans le cadre d’un programme de recherche environnemental, j’ai travaillé près de cinq ans au Canada sur un projet de désencrage du papier à l’aide d’enzymes plutôt que de produits chimiques. Cette expérience a fortement éveillé ma conscience écologique. À mon retour en Belgique, je cherchais un nouveau défi. En tant que francophone dans un environnement de travail majoritairement néerlandophone, j’ai dû m’adapter, mais je considère cela comme un enrichissement. Mes nombreux voyages et le fait d’avoir souvent été la seule femme m’ont appris à penser sous différents angles. Ma carrière entamée chez VINCI Energies en 2000 reflète aussi mon ouverture d’esprit. La taille de l’entreprise m’a permis de choisir délibérément la variété et l’évolution : j’ai moi-même demandé à assumer cette double fonction grâce à laquelle je combine ma passion pour la technique et la durabilité.
Anne-Michèle : Ma passion pour la durabilité et la technique remonte à mes études. Je crois fermement en la recherche de solutions qui respectent à la fois l’environnement et l’économie. Ce n’est pas une question de noir ou blanc, ni d’aller « contre tout ». Les entreprises doivent faire des bénéfices, mais elles peuvent le faire de manière responsable. Grâce à mon parcours – mon père travaillait dans l’industrie chimique – je comprends les deux points de vue. Tout est une question d’équilibre : comment travailler de façon plus écologique dans la réalité industrielle ? C’est ce que j’essaie de réaliser aujourd’hui : avec VINCI Energies et nos clients, faire des choix durables qui s’intègrent à leur fonctionnement tout en contribuant à préserver l’environnement.
Anne-Michèle : Mes trois filles ont chacune suivi leur voie – médecine, management et droit – et je les ai toujours encouragées à choisir ce qui leur plaisait vraiment. Si l’une d’elles s’était tournée vers des études techniques, je l’aurais soutenue avec autant d’enthousiasme. Je constate aussi une revalorisation de l’importance des métiers techniques et manuels, ce qui est indispensable. Mes études scientifiques m’ont permis non seulement d’acquérir des connaissances, mais aussi d’apprendre à penser de manière structurée, à rester curieuse et rigoureuse, à toujours chercher le « comment » et le « pourquoi ». Le nombre restreint de femmes dans mes études ou ma carrière ne m’a jamais freinée. Il ne faut pas faire partie de la majorité pour être forte. C’est justement une perspective différente, une écoute attentive et une volonté de collaboration – des qualités souvent associées aux femmes – qui apportent plus de sérénité, de clarté et de respect dans les équipes de projets et lors des négociations. Les entreprises ont tout à y gagner : celles qui osent faire confiance aux capacités uniques de chaque collaborateur plutôt que de se focaliser sur des quotas de genre créent un environnement où le talent s’épanouit et le véritable équilibre s’installe de lui-même.